Statistique agricole de la France – Annexe à l’enquête de 1929
Monographie agricole du département de l’Isère
L’apiculture dans le département de l’Isère
Le département de l’Isère est particulièrement favorable à l’apiculture. Les ressources
mellifères qui y sont abondantes et très variées : arbres fruitiers, forestiers, résineux, prairies
naturelles et artificielles, sarrasin, bruyère, … donnent un miel de premier choix.
Certaines régions montagneuses comme le Villard-de-Lans, le Vercors, le Trièves, la
Mathésine, le Beaumont, l’Oisans, le massif de la Chartreuse, où les prairies naturelles et la
culture de sainfoin y sont très répandues, fournissent un miel d’un goût et d’une finesse
incomparables.
La vallée du Rhône est également favorable à l’apiculture, quoique le vent y incommode un
peu les abeilles.
Dans notre département, jusqu’à une certaine altitude, le seul inconvénient que l’on puisse
rencontrer au point de vue apicole, est le voisinage des châtaigneraies. Le Châtaignier fournit
un miel brun et d’un goût désagréable, et comme sa floraison coïncide à peu près avec celle
des prairies, son nectar abondant porte préjudice et réduit la valeur marchande du miel.
L’apiculture devrait tenir une place plus importante dans le département comme le nôtre.
Voici d’après les statistiques, le nombre approximatif des ruches à diverses époques :
En 1902, on signale la présence de 27 à 28.000 ruches.
Pendant la guerre, les abeilles manquant de surveillance, de soins et de nourriture, le sucre
étant excessivement rare, et les pertes n’étant pas remplacées, le nombre de ruches était tombé
en 1923, à 6 ou 7.000 ruches.
En 1929, la statistique nous donne les chiffres suivants :
- 7.007 ruchers,
- 17.470 ruches à cadres mobiles,
- 10.537 ruches ordinaires.
En tout : 28.007 ruches, et le rendement moyen de 12 kg 07 dans les ruches à cadres mobiles,
et 6 kg 42 dans les ruches ordinaires.
L’importance de la production en 1929 ressort à :
Production du miel 2.770 quintaux environ
Production de la cire 280 quintaux environ
Valeur du miel 2.770.000 F
Valeur de la cire 320.000 F
Valeur total 3.090.000 F
Les chiffres fournis par cette dernière statistique sont certainement bien inférieurs à la réalité.
En effet, malgré le travail sérieux et ardu des enquêteurs, la bonne volonté et la bonne foi des
personnes chargées de les renseignements, beaucoup de ruches ont dû passer inaperçues,
surtout aux abords des communes d’une certaine importance où des ruches sont généralement
installés dans des clos, des parcs, derrière des murs ou palissades pour les abriter du vent et
échappent ainsi aux regards.
Pour quant au rendement des ruches à cadres, celui-ci est plutôt faible, la récolte moyenne sur
ces ruches est de 14 à 15 kg, cette moyenne étant prise sur la totalité et sur plusieurs années,
par conséquent de bonnes et de mauvaises. En année favorable, les bonnes colonies peuvent
produire de 20 à 40 kg et les très fortes peuvent atteindre et même dépasser 60 kg.
La moyenne de 6 kg 42 indiquée comme rendement des ruches fixes, n’est peut-être pas
inférieur à la réalité, car il est reconnu que ces ruches donne à peine la moitié de la récolte
fournie par les ruches modernes. Le miel étant récolté en brèches, les abeilles sont obligées de
reconstruire leurs rayons chaque année, donc perte de temps ; de plus, elles consomment une
partie de la récolte pour produire la cire nécessaire à l’édification de ces rayons, elles
absorbent de 8 à 10 kg de miel pour produire 1 kg de cire.
Les 10.537 ruches ordinaires annoncées pourraient produire environ 60.000 kg de miel de
plus si leurs propriétaires leur adaptaient une hausse à cadres mobiles au moment de la
récolte. Ces ruches ainsi transformées e ruches mixte, jouiraient des mêmes avantages au
point de vue récolte, que les ruches modernes et donneraient un rendement sensiblement égal
à celles-ci.
L’apiculture devrait surtout prendre de l’extension en montagne.
Faute d’abeilles, il se perd chaque année dans ces régions une quantité considérable de miel
de toute première qualité.
Aux agriculteurs des régions élevées où l’hiver est long et rigoureux, nous conseillons de
donner la préférence aux ruches à cadres hauts comme la ruche Voirnot à cadres carrés de
0,33 m x 0,33 m ou la ruche Layens dont les cadres ont 0,31 m sur 0,37 m de hauteur. Ces
modèles favorisent l’hivernage dans de bonnes conditions. Dans le bas, tous les modèles sont
bons, il suffit de les connaître et savoir les conduire.
L’apiculture de l’Isère se perfectionne tous les jours grâce aux efforts de la Société
d’apiculture de l’Isère (1) qui possède une section importante dans le Beaumont et un rucher
d’études à Saint-Martin-le-Vinoux.
L’enseignement apicole donné dans nos Ecoles d’agriculture, Ecole normale et cours postscolaire
agricoles dont plusieurs et notamment ceux de Saint-Siméon-de-Bressieux et de
Saint-Clair-de-la-Tour, d’Allevard, possèdent des ruchers modèles de démonstration.
Nous sommes persuadés que dans la prochaine enquête agricole, il sera mis en évidence les
progrès réalisés dans cette branche particulièrement intéressante de l’agriculture.
V.GALLE
1 - Avant sa transformation en association, l’Abeille Dauphinoise s’intitulait Abeille
Dauphinoise – Société d’apiculture de l’Isère